L’histoire de notre village ainsi que ses différents propriétaires
La commune, dont la seigneurie était unie à celle de Bientques, à longtemps appartenu à la famille de Fiennes. D’ailleurs, le lion noir sur le blason de la commune n’est autre que la marque de la famille de Fiennes.
Comme des silex néolithiques furent découverts dans le Loess, on peut penser que des personnes vivaient sur notre territoire à la fin de la préhistoire (de 6000 à 2 500 av J.C.)
A l’époque Gallo-Romaine, le territoire de notre commune faisait partie de la cités des Morins , dont le siÚge se trouvait à Tarvanna (Thérouanne). A noter qu’en 52 av. J.C., les morins et les Atrébates se rallient au soulÚvement gaulois contre César.
Les grandes invasions qui commencent au III Úme siÚcle, entraîne la destruction de Thérouanne et le suffixe « hem » témoigne de la présence des francs sur notre territoire.(voir la toponymie dans les généralités)
A l’époque Carolingienne, la division en « pagi » (pays) est effective dans notre région et nous sommes vraisemblablement administrés par le Comte de Flandres ou le Comte de Ternois (Thérouanne). Les nombreuses luttes entre les comtes à cette époque incitent à la prudence en toute affirmation.
En 1072, on retrouve la trace du fief de Bienquennes, qui faisait partie de la banlieue de Saint Omer, sous le Comte d’Artois. Le changement de Comté est dû à la situation géographique de Pihem entre Saint Omer et Thérouanne. Nos ancêtres ont subi le contre-coup des luttes si nombreuses qui se sont déroulées autour de ces villes.
En 1146, Guidone et Reinardo de Bikenes sont tous deux témoins d’une charte de Thierry , comte de Flandre, réglant un accord entre Baudoin d’Ardres et l’evêque de Thérouanne.(Cart Ther 26)
En 1147, Rainaldus de Bekanes, témoin de Thierry, comte de Flandre , confirme les privilÚges de l’abbaye de Saint Bertin.(CSB 204)
De 1159 à 1167, Symon de Biekenes, paye 8 poules pour le tonlieu de Saint Omer.(Giry 474, Arch St Omer AB XVIII, 15, f 34 v°)
En 1189, Synonis de Biekene témoin de Gillebert , châtelain de Bergues, ratifiant le don fait par un de ses hommes à l’abbaye Sainte Colombe de Blendecques.(12 J 106 p 206)
Au XII Úme siÚcle, Simon de Bikena paye 1 tonlieu. (Giry 490)
En 1237, Margaretta Castellana de Bergis , domina de Biekenes notifie le don à l’abbaye de Sainte Colombe de Blendecques.(12 J 106 p 207)
En 1242, Gillebert, châtelain de Bergues, promet à l’abbaye de Saint Bertin, l’hypothÚse de 50 livres que son aïeule Margareta de Bikenes possédait sur les dîmes de Lisseweghe et Coudekerke.(CSB 876)
Entre 1237 et 1381, on trouve les deux seigneurs Daniel et Jean de Biekenes (Daniel en 1293 et Jean en 1274).
Ensuite, jusqu’aux années 1400 , cette seigneurie devient la propriété de la famille De Poix .
A la fin du XIV Úme siÚcle, Catherine de Poix épouse Jean II de Fiennes et la seigneurie de Bienquennes relÚve désormais de Monseigneur du Bois de Fiennes , chevalier , seigneur d’Esquerdes, Eulles, Fruges, conseiller et chambellan du roi.
Leur fils, Philippe du Bois de Fiennes , eut pour héritier Jean III de Fiennes.
La veuve, Jeanne de la Tianouille, convola en deuxiÚme noce avec Jacques de Crevecoeur du Beauvaisis et devint mÚre de Philippe de Crevecoeur si connu sous le nom de Maréchal d’Esquerdes. Le célÚbre homme d’armes, n’ayant pas eu d’enfant de son mariage à Isabeau d’Auxy , prit en affection les deux fils de son frÚre (Jean IV Baron d’Elnes et Antoine), tous deux dits de Fiennes , seigneurs Du Bois d’Esquerdes.
Jean Molinet, dans l’un des récits autobiographiques, rappelle la surprise de la ville de Saint Omer, dans la nuit du 27 Mai 1487 et fait dire à Philippe de Crevecoeur: » J’entray à Saint Omer, par derriÚre Saint Bertin, mon neveu, Jean du Bois qui fut mon héritier, par dessus la muraille, y entra le premier. »Le surlendemain, le 29 Mai, le héros de l’assault , qui n’est autre que le seigneur de Bientques, Jean IV , était nommé par son oncle le maréchal d’Esquerdes bailli et capitaine de cette ville, puis devint ensuite conseiller et chambellan du roi Charles VIII.(Deneuville tome II p.285)
Philippe de Crevecoeur, écoeuré de la folie des guerres incessantes que Charles le Téméraire livrait sans discernement , profita de la mort de son prince et souverain tué devant Nancy le 5 janvier 1477, pour abandonner le parti bourguignon et suivre celui du roi de France à qui il remit en quelques mois aprÚs la ville d’Arras, Lens, Béthune, Thérouanne, Hesdin et Boulogne. On comprend certes que Louis XI ait comblé d’Esquerdes, de mille gratifications l’une en l’autre et de 20 000 écus d’or, en récompense de son habileté à négocier le mariage du Dauphin de France , duc de Guyenne, avec l’héritiÚre de Charles le Téméraire , maire de Bourgogne, apportant l’Artois en Dot.
Avant d’accepter la conduite de l’expédition d’Italie, le maréchal d’Esquerdes, pressentant bientÎt sa fin et se voyant sans postérité directe, institua le 20 Avril 1494, par affection pour ses deux neveux maternel, Jean III son frÚre, légataire universel de tout ce qu’il possédait . C’est ainsi que Jean IV et son frÚre Antoine du Bois, évêque de Béziers, furent sieurs d’Esquerdes.
Jean III se maria une seconde fois et eut un autre fils Charles du Bois qui fut l’héritier féodal de ses deux frÚres, Jean IV et Antoine.
Des sept enfants que lui donna sa femme Claudine de Lannoy, il institua l’ainé de ses cinq fils , Eustache , son principal héritier par un testament en date du 5 Avril 1548 .Ce baron Eustache de Fiennes, marié à Jeanne de Sainte Auldegonde le 8 Juin 1555 sous Henri II, donna naissance à Messire Guislain de Fiennes, chevalier, Vicomte de Fruges, Baron d’Elnes, Seigneur de Wavrans, Lumbres, Esquerdes, Bientques Pihem, Lieutenant du roi.
Guislain de Fiennes défendit les populations de nos villages restées fidÚles aux comtes d’Artois et de Flandres. Contre les surprises et les déprécations incessantes du français , c’est lui qui reçu à titre de « Monseigneur le viconte de Fruges », le prince d’Orange, dans sa maison à Saint Omer les 8 Avril et 27 Mai 1596, avant et aprÚs la conquÚte d’Ardres et Guines. C’est encore lui ,qui rendit le 14 Octobre 1614 pour 5400 florins, Guillaume Loessel , 72 Úme abbé de Saint Bertin. C’est aussi cette même maison, qui servit à l’agrandissement de l’église des jésuites wallons.
Marc de Fiennes, succÚde à son pÚre , Guislain, et meurt en 1654 sous la régence d’Anne d’Autriche.
Son fils ainé et successeur fut Charles Guislain de Fiennes, né au château d’Elnes en 1624 épousa le 14 Octobre 1646 à Anvers (Belgique) Philippine Marguerite de Godines. De son mariage, naquirent 11 enfants (7 fils et 4 filles).Etant devenu grand bailli de Bruges, il séjourna en Belgique, jusqu’à la mort de sa femme au château Mortrel (prÚs d’Anvers) qu’il inhuma dans l’église d’Elnes. Notre baron ne quitta plus dÚs lors le château de ses pÚres ou il mourut le 11 Juillet 1706 à l’age de 82 ans.
L’ainée de ces nombreux enfants, était une fille, Marie Philippine de Fiennes, née à Anvers en 1647. HéritiÚre patrimoniale de son aîeul, Marcq de Fiennes, par la renonciation de son pÚre et de ses deux oncles, Eustache de Fiennes et Maximilien de Fiennes, comte de Lumbres. Elle portait à son droit, les titres de vicomtesse de Fruges, Baronne d’Elnes, Dame d’Esquerdes, Bientques, Wavrans, Remilly et autres lieux. Elle resta célibataire et décéda le 18 Février 1720 à l’age de 73 ans sous Louis XV.
Son frÚre, Philippe Marcq de Fiennes hérita de ses qualités et droits. Il avait épousé à Anvers le 18 Juin 1716 Cornélie Van VyvÚre, née à Anvers le 15 Novembre 1657. Il passa son éxistence, ainsi que l’avait fait son pÚre, dans cette grande et belle ville et y mourut le 21 Avril 1738. Conformément à l’une des dispositions testamentaires du défunt, son trépas fut sonné durant six semaines et ce, trois fois par jour, par toutes les cloches de ses seigneuries situées tant en Artois qu’en Brabant. Entre temps, le 4 Avril 1685 , sa soeur , ThérÚse Margueritte de Fiennes s’était mariée à Malines avec le colonel Edouart Augustin Sandelin , né à Anvers.
Leur fils, Pierre Sandelin épousa le 7 Décembre 1733 Marie Suzanne Philippine du Bois d’Oische, qui lui apporta en dot cent mille florins . En considération de son brillant mariage, le fiancé recevait de son oncle maternel, Philippe Marc de Fiennes , la baronnie d’Elnes, à la condition que le seigneur , futur époux, porterait le nom de baron d’Elnes. Pierre Sandelin entra aussitÎt en possession de son fief . Il y perdit sa jeune femme en 1737.
Il y avait plus de vingt ans qu’il vivait dans le veuvage, quand sa niÚce, Marie Joséphine Sandelin, vint habiter avec son oncle. Elle venait de perdre son mari, Messire Jean de la Tour Ysolis. Le 13 Août de l’année suivante (1759) , l’oncle septuagénaire et sa niÚce paternelle , convolÚrent en deuxiÚme noce. En 1766, ils achetÚrent l’hotel du gouverneur de la ville de Saint Omer. La noble dame fit rebâtir cet immeuble. A cet époque, Pierre Sandelin, prit le titre de chevalier, comte de Fruges et Cantecroy, baron d’Erne, seigneur d’Esquerdes, Pihem et autres lieux.
Epoux en seconde noce de noble dame Marie Josephine Sandelin, décédée le 28 Juillet 1776 à l’âge de 88 ans et inhumée le 31 dans la sépulture de ses ancêtres en cette église d’Erne (archive de cette commune), Pierre Sandelin étant décédé sans enfant, la seigneurie de Bientques, passa entre les mains de Louis Joseph Auguste Deschamps, Seigneur de Pas, et ce jusqu’à la révolution.Dans le tome XXV p.311 du mémoire des antiquaires de la Morinie, sous le titre de Vénalité des charges (il s’agit du conseiller au baillage) « 31 décembre 1766, Louis Joseph Auguste Deschamps, seigneur de Pas, naît à Aire. En 1731, échevin à Saint Omer, puis conseiller au baillage et juge au tribunal civil. Il mourrut en 1825 . Le fief vicomtier de Pas tenu du seigneur de Fruges, seigneur de
L’année 1789, fut fertile en événements, surtout à Paris et entre autre, le décret du 12 Décembre qui ordonne les premiÚres élections municipales. Celles-ci se déroulÚrent le 1er Mars 1790 en l’église de Pihem. A cette époque, le village ne comporte que 515 habitants et 64 votants. On devait donc élire un maire, un procureur qui sera appelé plus tard agent national ,cinq officiers municipaux et douze notables pour former ce qui allait devenir le conseil général de la commune (notre conseil municipal actuel).
Ainsi, la dévolution de la seigneurie de Pihem a suivi d’une façon constante celle de Bientques. Par contre, Pihem possédait d’autres fiefs: Camp de le Court, Lespinnoy, Pas, Wavrin.
En 1781, » Item, mademoiselle Marcotte, propriétaire du fief de Waverin, qui ne consiste qu’en censives »(CentiÚmes Pihem).
Le fief de Pas
Fief à Pihem, tenu de la seigneurie de Bientques, consistant en plusieurs rentes et droits assignés sur vingt deux mesures, un quartier, onze verges et demie environ de terres labourables cottiÚres « séans au terroir desd. lieux de Bientques et Pihem ».
En 1473, « Nicolas de Sainte Auldegonde tient un fief nommé « le rente de Pas », tenu dud.Biequene. » (Arch. du Nord B.17600, f°62 r° et 16703, f° 939r°)
En 1538, le 2 novembre : Rapport servi par Pierre Lequestre, bourgeois de Saint Omer, pour le tÚnement nommé la terre de Pas relevant de la seigneurie de Bientques. (Biographie Chronologique des barons et seigneurs d’Elnes, par M. l’abbé Collet , p.24, Extr.des mém. Soc. Académ. Boulogne, t.28).
En 1570, le 3 mai : Rapport et dénombrement par Jean le Kettre , fils de Jean . (Mentionné dans un aveu et dénombrement du 13 juillet 1709. Arch. de la famille Deschamps de Pas)
1605, le 30 septembre : Testament d’Antoine Mesque, religieux de la Cie de Jésus, fils de Philippe Mesque et de Jehanne le Questre (v.la mention de 1597 de la page 225). Dans cet acte (conservé au Gros de Saint Omer, 1605, Testaments, n°1) led. Mesque, au moment d’entrer en religion , teste et lÚgue les fiefs de Pas et de Cruselmercq (à Tilques), à sa soeur, femme de Jehan Willeron.
Isabeau Willeron, fille de Jehan, apporte ces fiefs à son mari Jacques Manessier.
Jacques Manessier, seigneur de Pas, fils des précédents, échevin de Saint Omer (v. Liste des membres de l’Echevinage de Saint Omer . Mém. S. A. M. t. 29), a épousé, le 16 juin 1650, Jacqueline Dollé.
Leur fille, Marie-Marguerite Manessier, a épousé le 13 mai 1680, Jean-François Deschamps, seigneur de Lescade.
Charles-François Deschamps de Lescade, fils des précédents, sert dénombrement du fief de Pas à Philippe Marcq de Fiennes, vicomte de Fruges, seigneur de Bienques et Pihem, le 13 juillet 1709.
Louis-Joseph-Auguste Deschamps, seigneur de Pas, né à Aire le 20 décembre 1731, décédé à Saint Omer le 15 octobre 1811, conseiller au baillage de Saint Omer.(Arch. famille Deschamps de Pas).En 1761, le seigneur Deschamps possÚde en lad. paroisse un fief nommé le fief de Pas, consistant en censives du revenu de neuf livres.(VingtiÚmes Pihem et Bientques).En 1781, le seigneur Deschamps de Pas, propriétaire du fief de Pas…. »n’est point cotisé au role de centiÚme ». (CentiÚmes Pihem, n°32).
Le fief de Wavrin
Fief à Pihem:
En 1621, terrier de la seigneurie de Wavrin et de L’Espinoy à Pihem, appartenant à notre dame Marie de Torres, veuve de feu messire Charles de Saint Venant.(Archives de M. Legrand).
En 1708, noble demoiselle Marie-Félix de Wallehé, damoiselle de Lespinoy, Wavrin, du Lusquet, d’Acquembronne, Beaurepaire, etc… fille et héritiÚre de feu Jacques de Wallehé. (Terrier de Bientques à M. H. Eloy, actuellement à la bibliothÚque de Saint Omer).
En 1728, le 24 janvier : rapport servi par M. Robert-Augustin L François, avocat au conseil d’Artois , de terres tenues de Ch.Antoine de Fléchin, seigneur de L’Espinoy, Wavrins, Mardenchon, etc.. à cause de sa terre et seigneurie Wavrins en Pihem .(Archives de M. Quenson de la Hennerie).
En 1761, la demoiselle Marcotte, pour un fief nommé le fief de Waverin, consistant en censives du revenu de 11 livres et droits seigneuriaux du revenu de 30 sols, suivant la déclaration du sieur de Fléchin en 1749. (VingtiÚmes Pihem et Bientques)
En 1781, » Item, mademoiselle Marcotte, propriétaire du fief de Waverin, qui ne consiste qu’en censives »(CentiÚmes Pihem).